![]() |
![]() ![]()
jeudi 17 juillet 2025
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Les réponses de M. Pellerin à notre questionnaire
L’engagement de M. Jean-Marie Pellerin
M. Pellerin ne pouvant être présent le vendredi 10 mars, les élèves ont envoyé un questionnaire.
A Saint-Georges-sur-Çher (Loir-et-Cher) chez mes parents.
J’ai surpris un entretien entre un médecin de Saint-Georges et la pharmacienne du Bourg, qui parlaient de résistance, et de la position de plusieurs maquis de la région.
J’étais très jeune (11 ans en 1940) quand les allemands ont traversé le Cher, et ont défilé dans la rue principale du village de la Chaise. J’ai été terriblement choqué de voir une jeune femme offrir des roses aux soldats de la Wehrmacht.
Comme je le disais plus haut, j’ai entendu parler d’un maquis qui se trouvait près du château de Montpoupon. J’ai entraîné deux camarades de 18 ans, aussi "gonflés" que moi, dans le début du mois d’août 1944. Le choix particulier de ce maquis est dû au hasard.
J’avais entendu parler de la Collaboration de la France, sous la conduite du Maréchal Pétain, avec l’armée d’occupation. Il y avait également des voisins qui écoutaient la radio de Londres, et j’allais souvent chez eux. La comparaison paraissait facile entre Londres (Les Français parlent aux Français) et, Vichy (Pétain, Laval, Damant, Doriot, etc)
Je n’avais pas l’âge d’être enrôlé, mais, de toute façon, je pense que j’aurais trouvé la possibilité de ne pas obéir aux lois de l’époque : STO, Chantiers de jeunesse, etc
Je venais de passer mon certificat d’études primaires, et je travaillais avec mon père qui était menuisier.
Je ne connaissais que le moment présent : nous avions des ennemis, et il fallait se battre pour les vaincre, et les chasser hors de France.
Avec un passé aussi glorieux que le sien, je ne comprends toujours pas, pourquoi cet homme de 84 ans, s’est engagé dans la politique infâme de la collaboration.
J’ai rejoint le maquis du commandant Legrand (envoyé par Londres) et du "capitaine" Le Coz, qui, en fait, était le véritable chef du groupe. Il y avait quelques femmes et un adolescent (moi-même).
Je n’ai rien à dire sur la Gendarmerie de l’époque (bien que...), qui, ne l’oublions pas, obéissait au régime de Vichy.
Pour mon cas, et pendant ma situation de blessé, des agriculteurs ont refusé de me soigner. Par contre, une voisine de ces personnes s’est occupée de moi au péril de sa vie. Les allemands fouillaient toutes les maisons. Cette femme a réussi à me protéger, et m’a sauvé la vie.
Le groupe comptait entre 150 et 180 personnes répartis en trois catégories 1°) Le P.C. 2°) Les membres combattants 3°) l’infirmerie, dans le service infirmerie, nous étions trois.
Le Commandant Legrand supervisait le maquis, et le "capitaine "Le Coz était secondé par deux "Lieutenants".
Nous nous sommes déplacés plusieurs fois. Les officiers étaient hébergés dans des châteaux. La troupe se retrouvait dans les "communs".
Beaucoup d’armes et de conserves provenaient de parachutages. Je crois savoir qu’un poste émetteur était relié à Londres, sous le contrôle du commandant Legrand.
Ma mère est venue (à vélo) le quinze août 1944 au château de Biard. j’ai été blessé aux deux jambes le vingt août, et j’ai eu quinze ans le vingt-neuf août 1944.
Il m’est arrivé de traverser le Cher en 1942, mais comme j’étais encore un enfant, les allemands ne me cherchaient pas d’histoire. Je sais qu’un "marché noir" important existait entre les deux rives, mais je ne sais pas s’il y avait des faux passeurs dans la zone.
Mon passage au maquis a été important pour moi, car il m’a permis de rejoindre la Première Armée Française du Général De Lattre de Tassigny en septembre 1944, et de continuer la guerre.
Mes parents ont très bien compris ma lutte contre les allemands, mais ils estimaient que beaucoup de jeunes gens plus âgés que moi, auraient pu faire leur devoir.
Je ne regrette absolument pas. Je regrette seulement d’avoir été trop jeune à l’époque, car j’aurais entraîné davantage de jeunes. J’aurais peut-être pu me rendre compte, que le "capitaine" Le Coz n’était pas très net et paranoïaque.
De toute façon, les mêmes événements seraient d’actualité, je referais la même chose... peut-être avec plus d’efficacité encore.
En 1944, j’avais une haine terrible de l’allemand, et, vingt après, j’épousais une berlinoise qui m’a donné un garçon franco-allemand. Publié le mardi 28 mars 2006
Mis à jour le jeudi 6 avril 2006 par webmaster
|
![]() |