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La synthèse de l’entrevue
L’engagement de M. Georges Normand

 

Georges NORMAND habitait à Genillé où il était charpentier comme son père.

A l’adolescence, en 1941-1942, il a été dans un chantier de jeunesse à Reims où il était très mal nourri et où il fabriquait des baraques (pour cacher les armes et du matériel). Un peu après, avec des amis, il a commencé ses premiers actes de Résistance : la nuit, la veille les cérémonies qui avaient lieu à la Mairie ils allaient sur la place de Genillé et enlevaient le drapeau de Pétain pour le remplacer par un drapeau de De Gaulle ( M. Normand disait de Pétain qu’il avait trahi son pays). Comme il était charpentier, il attachait très solidement le drapeau et le mât, à l’aide d’outils, afin que personne ne puisse l’enlever le lendemain.

A 20 ans, après une grosse déception car la France avait perdue, et, pour échapper au S.T.O. (Service de Travail Obligatoire) en Allemagne, il rentra dans un maquis avec ses deux frères. Il est rentré dans le maquis d’Epernon, car en partant du chantier de jeunesse, un commandant qui avait deviné qu’il voulait faire partie de la Résistance, lui avait dit de l’appeler s’ il voulait de l’aide afin de rentrer dans un maquis. Il n’a donc pas choisi son maquis pour des raisons politiques.

Dans le maquis il y avait une hiérarchie (les généraux, les commandants et les soldats). Tous les hommes avaient un pseudonyme (Georges le grand, Carabine, Épernon...) afin de ne pas être retrouvés car ils auraient dû être en Allemagne et pour ne pas mettre leur famille en danger. En entrant dans le maquis on devenait clandestin, et on perdait alors ses tickets de rationnement pour le pain, la viande... Certains fermiers leurs donnaient heureusement des provisions.

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Bataille de Péchoire (juillet 1944)

Pour s’approvisionner en armes et autre matériel, les Britanniques parachutaient les maquis mais il n’y avait pas beaucoup d’armement ; celui-ci n’était pas très puissant comparé à celui des Allemands. Ces parachutages étaient annoncés par la radio et on savait où et quand ils devaient lâcher leurs conteneurs grâce à des codes comme « la pirogue est debout dans la cave ». Pendant la Résistance, la radio était un élément indispensable : dans chaque maquis il y avait un homme qui s’occupait de celle-ci afin d’être au courant des parachutages, des actions... Pendant les différentes opérations, les hommes étaient répartis par section afin de ne pas constituer de cibles faciles pour les Allemands et d’avoir moins d’hommes capturés à la fois et donc de réduire les pertes humaines. Pendant ces actions, ils dormaient dans la forêt à même le sol.

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en forêt de Preuilly sur Claise

Lors de l’interview, M. Normand nous a raconté une opération qui l’a particulièrement marqué. Le 18 août 1944, suite à une embuscade à Manthelan organisée par la 2ème section du sous lieutenant Leroux, le commandant Vialle décide de renouveler cette opération le lendemain avec la section du sous lieutenant Laheurt. Il demanda alors un « guide » à la 2ème section de Leroux . Georges Normand fut désigné car il avait participé à l’embuscade de la veille et connaissait la route.

Le 20 août les maquisards prennent place à l’arrière du camion gazogène, Georges Normand est assis à l’avant entre le lieutenant et le conducteur. Le camion roule, passe dans des petites routes de campagne, et en arrivant à Vou, tombe nez à nez avec une forte colonne allemande. Les hommes sortent alors du camion pour s’abriter des tirs allemands. Ils se séparent ensuite en deux groupes. Georges Normand restera avec le lieutenant et 3 autres maquisards. Une fois les 2 groupes organisés, celui de M. Normand se dirige alors vers une ferme pour se cacher, mais une fois dans celle-ci, ils doivent se dépêcher de sortir pour rejoindre un champ de topinambours avant que les Allemands ne les encerclent. Le lieutenant et Georges Normand décident alors de traverser la route jusqu’au champ tant que les Allemands ne sont pas encore en place. Ils arriveront sains et saufs au champ tandis qu’un des maquisards est parti peu de temps après eux et s’est fait fusiller. Les deux autres, qui sont restés cachés, seront attrapés puis exécutés.

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Monument à Vou
Témoignage des activités de Résistants à Vou, là ou trois des compagnons de M. Normand perdîrent la vie

Pendant la Résistance, les femmes avaient un rôle très important car celles-ci étaient moins suspectées par les Allemands.

Les relations entre les différents maquis étaient plus ou moins bonnes (certains maquis se battaient), tandis que celles avec la milice étaient très mauvaises car celle-ci les dénonçait aux Allemands. Georges Normand nous a expliqué qu’il y avait « des bons et des mauvais gendarmes » : certains faisaient leur travail et n’étaient pas très indulgents, alors que d’autres aidaient les maquis. Par exemple, trois jours après qu’il soit entré dans le maquis d’Épernon, un gendarme est passé chez M. Normand afin de dire à son père qu’il devait disparaître car on était à sa recherche.

Georges Normand n’avait jamais de nouvelles de sa famille et il n’en donnait pas afin de la protéger ; c’est juste avant le débarquement qu’il a pu revoir sa famille. Pour le débarquement il s’est engagé pour retarder les Allemands, c’était la première fois qu’il portait un habit militaire. Après ça, il est resté à Blois jusqu’en octobre pour finir son contrat d’un an.

Quand il est rentré chez lui, il a repris son travail et une vie « normale ».

 
Publié le mardi 28 mars 2006
Mis à jour le mercredi 5 avril 2006